Étude sur les solutions de logement pour les personnes âgées
6 juillet 2022
EN BREF
- Le nombre de personnes âgées en situation d’itinérance au Canada est en hausse et ces personnes ne sont pas bien servies par les modèles d’hébergement ou de logement traditionnels.
- Vieillir au bon endroit est un programme de recherche qui réunit l’expertise de chercheurs, d’organismes communautaires et de personnes ayant une expérience vécue pour examiner la question.
- Les chercheurs évaluent des pratiques prometteuses pour améliorer les options de logement et d’hébergement des personnes âgées en situation d’itinérance à Vancouver, Calgary et Montréal.
- Ils espèrent inspirer une nouvelle génération de spécialistes à poursuivre le travail.
« La recherche sur la population âgée du Canada est insuffisante, affirme Sarah Canham, directrice de projet pour Vieillir au bon endroit et professeure adjointe de gérontologie à l’Université Simon Fraser. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi ce domaine et c'est aussi ce qui a inspiré ce programme. »
Le nombre de personnes âgées en situation d’itinérance au Canada est en hausse. Pourtant, les options qu’offrent les logements ou les maisons d’hébergement traditionnels pour les populations vulnérables ne conviennent pas bien aux groupes plus âgés, en particulier les personnes devant composer avec des problèmes de santé physique ou mentale chroniques.
Vieillir au bon endroit est un programme de 6 ans. Son objectif est d’évaluer les pratiques qui peuvent être utilisées pour aider les personnes âgées à vivre le plus longtemps possible dans leur logement et leur collectivité.
Les personnes âgées ne sont pas toutes pareilles. Certaines commencent leurs vieux jours avec des difficultés financières très importantes et des problèmes majeurs d'abordabilité du logement
La première année a été passée sur le terrain à Vancouver, Calgary et Montréal pour relever les pratiques prometteuses, c’est-à-dire des solutions qui n’ont pas été rigoureusement évaluées, mais qui ont le potentiel de pouvoir soutenir les personnes âgées en situation d’itinérance. Depuis, les chercheurs se sont tournés vers l’évaluation de ces pratiques. Une fois l’évaluation terminée, ils détermineront la meilleure façon de partager leurs constatations et de les mettre en œuvre.
Le contact direct élimine les stéréotypes.
Le travail sur le terrain permet aux chercheurs de rencontrer des personnes âgées qui ont vécu l’itinérance. Selon Sarah, ce contact direct est un élément clé du processus :
« Le contact avec cette population et la participation à la collecte de données contribuent à éliminer certaines des idées socialement enracinées que nous avons sur les personnes âgées. »
La principale idée fausse à laquelle il faut s’attaquer est la suivante : tout le monde vit ses vieux jours de la même façon. Ce n'est pas vrai que les gens ont tous une retraite paisible dans le même logement où ils vivent depuis des années, au sein d’un vaste réseau social.
C'est évidemment faux parce que les personnes âgées font face à différents obstacles.
Quel est le « bon endroit »?
« Les personnes âgées ne sont pas toutes pareilles, affirme Sarah. Certaines commencent leurs vieux jours avec des difficultés financières très importantes et des problèmes majeurs d'abordabilité du logement.
« Bien vieillir et vieillir chez soi sont des concepts qui n'ont rien à voir avec la vision stéréotypée de la retraite, c'est-à-dire une personne qui se retire de la vie active après de nombreuses années de stabilité sur les plans du travail et du logement. »
Le « bon endroit » est défini comme un endroit qui répond aux besoins individuels de la personne.
Lin Chen est la coordonnatrice principale du projet. Elle est titulaire d’une maîtrise en travail social et axe sa carrière universitaire sur les déterminants sociaux de la santé des personnes âgées.
Pour elle, ce projet est une affaire personnelle, et elle a toujours eu une personne particulière en tête.
« C’est parce que j’ai été élevée par ma grand-mère. ».
En vivant quotidiennement avec une personne âgée, Lin a bien compris les préoccupations et les besoins des personnes âgées. Cette proximité lui a également montré l’importance de faire partie d’un réseau social.
Choisir les pratiques les plus prometteuses
Une fois que les chercheurs auront analysé les données recueillies, c’est-à-dire les pratiques prometteuses, on obtiendra une liste de « pratiques exemplaires ». Cette liste permettra à l’équipe de recommander les pratiques qui devraient être mises en œuvre plus souvent et utilisées dans d’autres collectivités.
Tamara Sussman, professeure de travail social à l’Université McGill et responsable du programme à Montréal, donne un exemple :
« Nous devons réfléchir à ce qui se passe dans les collectivités où l’anglais n’est pas la première langue, affirme-t-elle.
Je pense que nous sommes très en avance à Montréal et que nous avons probablement quelque chose à offrir en ce qui concerne la façon d’améliorer l’accès, la façon de penser aux différents groupes et la manière de les rejoindre. ».
Elle dit que son équipe a utilisé une combinaison d’outils de traduction numérique et d’un système de jumelage traditionnel pour s’assurer que tout le monde peut comprendre ce qui est dit en français et en anglais.
Ces approches pourraient facilement être adaptées à d’autres langues dans un contexte particulier.
La capacité de donner un visage humain à ces expériences et d’écouter une personne parler de son parcours, c'est très puissant
Christine Walsh, professeure de travail social à l’Université de Calgary et responsable du programme à Calgary, croit que non seulement chaque ville est différente, mais que chaque site l’est également.
Son équipe examine 2 emplacements :
- The James House, un complexe d’appartements pour les personnes en situation d’itinérance
- Kerby Centre, une maison d’hébergement pour personnes âgées
Selon elle, ces deux pratiques prometteuses offrent des programmes rares au Canada.
« Chaque maison d’hébergement accomplit quelque chose d’unique ou offre des services à une population donnée de différentes façons », explique-t-elle.
« En étudiant trois villes, nous avons l’occasion d’évaluer davantage de modèles différents et uniques. »
Améliorer la situation du logement pour les générations futures
Le réseau du programme comprend également un groupe de conseillers-experts ayant une expérience vécue, c’est-à-dire des personnes âgées qui ont vécu l’itinérance. Leur rôle, affirme Sarah, est de guider les chercheurs en cours de route et de nous garder sur la bonne voie.
Hilary Chapple, de Calgary, est l’une de ces conseillères. Hilary a vécu l’itinérance pendant plus d’un an. Après avoir dormi chez des connaissances et alterné entre des logements temporaires, elle est arrivée dans une maison d’hébergement avec 2 tenues et quelques effets personnels.
En tant que femme queer, elle sait très bien que de nombreuses options de logement n’acceptent pas les personnes âgées LGBTQ2S+. Ces logements n’offrent d’ailleurs ni dignité ni respect.
Elle dit qu’elle a choisi de travailler dans le cadre du programme afin que sa propre expérience puisse améliorer les choses pour les autres qui viendront après elle.
Inspirer une nouvelle génération de chercheurs
L’un des objectifs énoncés du programme est de former une nouvelle génération de chercheurs pour poursuivre ce travail. Lin et Sarah espèrent que leur travail permettra de personnaliser le sujet pour un plus grand nombre de jeunes universitaires.
« La capacité de donner un visage humain à ces expériences et d’écouter une personne parler de son parcours, c'est très puissant, affirme Lin.
Les nouveaux chercheurs peuvent ainsi réellement comprendre l’importance de ce travail et qui en bénéficiera. ».
FAITS SAILLANTS
- Vieillir au bon endroit est un programme de recherche au sein du Réseau conjoint de recherche en matière de logement, une initiative conjointe de la SCHL et du Conseil de recherches en sciences humaines.
- Le Réseau réunit les secteurs universitaires et non universitaires pour appuyer l’amélioration de la recherche dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement du Canada.
- La SCHL a engagé environ 7,9 millions de dollars dans le Réseau pour les cinq premières années.
- Les programmes du Réseau ont reçu des subventions de création de partenariats pour la première étape de leur recherche, puis des subventions de partenariats pour la mener à terme.
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